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Bâtir en terre: À propos
TURQUIE,
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Trois semaines de volontariat au sein de l'entreprise Koluba nous ont permis de nous familiariser avec le materiau terre, une ressource inépuisable, aux utilisations multiples, qui semble pourtant avoir été oublié.
Bâtir en terre: À propos
Il suffit de creuser environ 50cm dans la terre végétale, cette terre noire à la légère odeur de pourri, pour ensuite découvrir la terre minérale. C'est cette seconde strate qui nous intéresse: elle est constituée, dans des proportions variables, de cailloux, graviers, sable, limon, et enfin d'argile,son composant le plus fin. Ce sont ces particules plates d'argile, inférieures à deux micromètres, qui assurent la fonction de liant et nous permettent de bâtir.
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Les applications sont ensuite infinies: tasser la terre humide dans un coffrage selon la technique du pisé, amasser de la terre à l'état visqueux mélangée à de la paille pour obtenir un mur en bauge, mouler des briques de terres crues ou "adobes", réaliser des enduits intérieurs et extérieurs, des sols ...
La mise en oeuvre se décline dans toutes les régions du monde, la terre est utilisée seule ou associée à d'autres matériaux, selon ce dont on dispose localement, comme le bois, la paille, le chanvre, la chaux, la bouse de vache, les bouteilles en verre ...
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C'est dans les années 50 que nous nous sommes désintéressés de ce matériau pour bâtir notre habitat. En effet, utiliser le ciment comme liant s'est avéré très pratique et rapide pour la reconstruction d'après guerre. Il est ensuite devenu la norme car plus rentable dans la logique industrielle: soumettre la construction de notre habitat à l'existence d'infrastructures permettant la montée en température du calcaire à plus de 1400°C offre des perspectives de monopoles et d'enrichissement intéressantes. C'est aussi la raison pour laquelle le bâtiment est aujourd'hui responsable de 5% des émissions de CO2.
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Outre l'aspect économique et écologique, utiliser la terre dans notre habitat offre de nombreux avantages, c'est un matériau perspirant, à forte inertie thermique. Cela permet naturellement à l'habitation de respirer, de réguler l'humidité et de stocker la chaleur en hiver ainsi que la fraîcheur en été.
Pour faire une comparaison simple : le ressenti à vivre dans une maison en ciment est comparable au confort d'un K-way (avec une VMC, d'accord !) et dans une maison en terre, à celui d'un pull-over (avec un parapluie quand il pleut !).
Nous passons une grande partie de notre temps à l'intérieur de bâtiments, autant faire en sorte que ceux-ci soient faits de matériaux naturels, d'ailleurs, nous avons souvent apprécié le bien être d'une vieille maison en pierre. Quant à l'isolation, les mêmes solutions que les constructions dites "modernes" peuvent être envisagées, ainsi que la paille, le chanvre, la fibre de bois ...
En bref, le ciment reste intéressant pour un abri anti-atomique, mais pour une maison où il fait bon vivre, il y a d'autres solutions !
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Enfin, brisons quelques idées reçues, les murs terre-paille ou bottes de pailles sont très peu inflammables (moins que la laine de verre derrière le placoplâtre), la construction en sacs de terre est très utilisée dans les zones sismiques. De nombreuses constructions en terre sont toujours debout, comme l'Alhambra de Grenade, les immeubles de la Cité Antique de Shibam (8 étages et jusqu'à 30 mètres de haut tout de même ...voir ci contre), certaines parties de la muraille de Chine (dans les régions pauvres en pierres) et une grande partie de notre Patrimoine.
Bâtir en terre: À propos
Voici les dosages que nous avons pu observer lors de notre travail au sein de Koluba, à titre informatif, car cela dépend bien sûr des caractéristiques de la terre utilisée:
- Mélange terre/paille pour application en coffrage: 1V d'argile pure pour 8 à 12V de paille
- Enduit de corps : 4 brouettes de sable + 1 baril d'argile délié dans l'eau + 4 seaux de paille décompactée. Le tout mélangé sur une bâche avec les pieds.
- Enduit de finition intérieur : 30% d'argile (1/3 d'argile de Kaolin (Blanche) pour 2/3 d'argile tamisée (venant du site) + 70% de sable. On peut y ajouter des pigments pour colorer et 250g de pâte de farine cuite (2 V d'eau pour 1 V de farine) si l'enduit s'effrite.
- Enduit de finition extérieur : 30 kg d'argile tamisée + 70 kg de sable + 2L d'huile de lin + 20 jaunes d’œufs
- Tadelakt :
1ère couche : 1/3 sable tamisé + 1/3 poudre de marbre + 1/3 pâte de chaux
2ème couche : 60% poudre de marbre + 40% pâte de chaux. On peut ajouter entre 5 et 10% de la masse sèche en pigment.
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Pour aller plus loin, je vous invite à lire ce livre très complet sur le sujet :
Une première moitié très ludique, à la fois historique et géographique, parsemée d'encadrés techniques.
La deuxième partie, elle, nous explique en profondeur tout ce que l'on peut savoir sur ce matériau.
Un livre adapté à tous, donc !
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